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ÉVOLUTION HISTORIQUE

Cinquième école. — Comptons, si l’on veut, pour une école le mouvement depuis la Renaissance jusqu’à nos jours, et qui, sans parler des imitations idolâtriques, mythologiques, symboliques, se distingue par deux choses : 1° l’union de la beauté à la spiritualité (Vierges, Christs, etc.) ; 2° l’application arbitraire des règles, du beau et de l’expression à des personnages humains, historiques ou hypothétiques. Quant à la division des classiques et des romantiques en deux écoles, je ne l’admets pas ; ce qui seulement les distingue, c’est le plus ou moins d’importance donné, par les premiers à la beauté de la forme, par les seconds à l’expression du sentiment. Les uns et les autres sont des fantaisistes qui, unissant tout, mêlant tout, créent en dehors de l’observation, de la croyance et de la morale. C’est toujours au fond la même adoration de l’idéal, la même prétention de la peinture d’exister par elle-même et pou :1 elle-même, la même absurdité de l’art pour l’art.

La sixième et dernière école, celle qui indique le degré le plus élevé de l’idéalisme, est l’école critique. Art raisonneur, art penseur, art réfléchi : il a compris qu’il doit exister une harmonie entre la nature et la pensée ; — art d’observation : il étudie, dans l’expression des traits, les pensées et les caractères ; — art essentiellement moralisateur et révolutionnaire : il fait, par les moyens qui lui sont propres, la critique des mœurs.