Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
299
ÉGYPTE : ART TYPIQUE

partie décorative ; aux maîtres les peintures du temps présent. — Ne plus confondre les rangs !

Toujours l’art produira des choses d’un idéalisme plus ou moins profond, selon le besoin qu’on en aura. Ainsi on devra refaire de la peinture typique ; on ne renoncera jamais à l’allégorie ni à la beauté ; on fera de la religion et de la fantaisie ; mais tout, en dernière analyse, devra s’expliquer, se compléter par la peinture critique ; tout devra pivoter sur ce genre suprême, l’art critique.

L’idéal doit être subordonné à la vérité et à la justice, parce que celles-ci nous poussent sans cesse à l’action, à la recherche ; tandis que l’idéal nous retient dans l’inertie et nous amollit. L’idéaliste est satisfait ; il s’admire, il dédaigne, il est étranger à tout. Le justicier est plus modeste : rien de ce que pensent ses frères et de ce qui leur arrive ne le trouve indifférent.

L’idéalisme doit toujours être ramené à la science et à la conscience, à la vérité et au droit, qui sont ses uns, subordonné au jugement dont il n’est que le préparateur et l’auxiliaire. Dieu, idéal de justice, est-il séparé de la justice : il devient pour nous un principe d’iniquité.

Au temps des Grecs et à la Renaissance, le beau étant pris pour le resplendissement du vrai, selon le mot de Platon, on avait le droit d’en conclure que l’on ne pouvait s’égarer dans la voie de l’idéal : l’idéal et