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ÉVOLUTION HISTORIQUE

tous, dieux et mortels : Jupiter, Apollon, Mars, Bacchus, Mercure, Adonis, Anchise, Butés.

Ne dirait-on pas un aveu échappé aux poètes, que la beauté du diable est plus belle que la beauté divine ? Les dieux et les déesses se délaissant mutuellement pour courir les beautés mortelles : il y a là toute une révélation ; la beauté divine de Pallas et de Junon laissant Pâris froid, celle de Vénus le ravissant d’un regard tant soit peu lascif, quel aveu ! L’art grec est jugé par ces amoureuses aventures, si naïvement racontées dans la mythologie.

De même qu’il restait quelque chose à faire : en religion après la révélation d’Orphée ; en morale après l’instruction de Socrate ; en politique après Platon et Aristote ; de même, après l’art grec, il restait à créer l’art humain.

Or, après deux mille ans, après toutes les transformations de l’art, nous ne savons pas encore ce qu’est la beauté humaine. Car, si nous avons recueilli dans notre race de beaux exemples de vertu et d’héroïsme, nous n’avons pas encore vu l’homme tout à la fois vertueux, courageux, intelligent, savant, libre et heureux. Il faut la réunion de toutes ces conditions, qui font aujourd’hui, comme autrefois, l’objet de notre recherche, pour créer la beauté virile.

Les Égyptiens n’ont pas connu la beauté humaine, puisqu’ils ne sont pas sortis des symboles et des types ;