dispensable de consigner ici le plus sommairement possible.
a) En premier lieu, de ce que notre âme a la faculté de sentir, à première vue et avant toute réflexion, indépendamment de tout intérêt, les belles choses, il s’ensuit, au rebours de ce qu’enseignent de grands philosophes, que l’idée du beau n’est pas en nous une pure conception de l’esprit, mais qu’elle a son objectivité propre ; en autres termes, cette beauté qui nous attire n’est point chose imaginaire, mais réelle. En sorte que l’art n’est pas simplement l’expression de notre esthésie[1], qu’on me passe ce néologisme ; il correspond à une qualité positive des choses. Je ne ferai pas là-dessus de longs raisonnements. Il serait inconcevable que l’idée du beau fût une création de toutes pièces de l’esprit humain, sans réalité dans la nature. Qu’est-ce donc que l’esprit, sinon la nature ayant conscience d’elle-même ? Ce qui constitue la beauté, n’est-ce pas l’ordonnance, la symétrie, la proportion, l’harmonie des tons, des couleurs, des mouvements, la richesse, l’éclat, la pureté, toutes choses qui se peuvent mesurer au compas, calculer par chiffres, paraître ou disparaître par une simple addition ou soustraction de matière ? Dans le cheval, les conditions de’la beauté se confondent avec la vigueur, la solidité, la vitesse,
- ↑ An-esthésie, insensibilité, terme de médecine, ne s'emplois qu’au sens physiologique.