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OU DE LA FACULTÉ ESTHÉTIQUE

se rencontrer dans un individu une grande aptitude de reproduction ou d’imitation, sans que cet individu puisse se dire artiste. La où manque l’àme, la sensibilité, il n’y a point d’art, il n’y a que du métier. Sur ce point. le public et les critiques, même les plus clairvoyants, sont exposés à se tromper, prenant, sur la foi de leur propre idéal, les illusions du dessin, du modelé, qui sont en eux, pour des signes de génie citez les autres. Dans une époque de charlatanisme comme la nôtre, cette espèce abonde : il n’est pas rare de la voir usurper les honneurs et la réputation dus aux vrais artistes.

Tout cela et ce qui va suivre a été dit par d’autres, je suppose, et je demande pardon au lecteur de le traîner sur ces lieux communs. Mais peut-être les mêmes choses n’ont-elles pas été exprimées comme je les exprime, ni dans l’ordre où je les exprime ; en tout cas, comme nous ne pouvons raisonner de l’art contemporain sans remonter à l’art antique, ni parler de l’art antique sans nous référer aux principes, force était pour moi de ressasser un peu ces éléments. Je hais les idées mal suivies ; je ne comprends que ce qui est clairement exprimé par la parole, formulé par la logique et fixé par l’écriture.

Ce que nous venons de dire, que l’art repose sur une triple base, savoir, faculté esthétique, ou sens poétique, culte de soi, ou amour-propre, et puissance d’imitation, fournit matière à quelques réflexions qu’il est in-