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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

loppent également en eux-mêmes toutes leurs facultés, ou qu’ils les complètent en s’associant.

Il faut de plus que, par la méditation des principes et des règles, par leur observation, par l’étude des sujets, par l’esprit nouveau dont ils doivent se pénétrer, il se forme entre eux une pensée, un génie en quelque sorte commun, une tradition, une foi, une virtualité qui élèvent le talent de chacun au-dessus de ce qu’il serait dans la solitude.

L’ancien monde gréco-romain fut, à un moment, peuplé de statues. En telle ville il y en avait autant que de citoyens, et presque toutes étaient des chefs d’œuvre. Ce qui nous semble aujourd’hui extraordinaire résultait de la communion des artistes, du critère qu’ils suivaient fidèlement.

L’artiste doit être en communion d’idées et de principes non-seulement avec ses confrères, mais avec tous ses contemporains ; il doit encore se pénétrer de cette pensée, qu’il n’y a pas de différence entre la création artistique et la création industrielle. L’artiste, en effet, ne produit rien du néant ; il ne fait que saisir des rapports, analyser des figures, combiner des traits, les représenter : c’est là ce qui constitue sa création. Or, de même que l’industrieux, ou le savant, ou le philosophe, - plus il observe, plus il découvre, - et plus il a découvert, mieux il applique et produit ; — de même l’artiste, mieux il a vu, plus il se met en état de