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Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/44

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DE L’IDÉAL

inhérentes aux choses qui les expriment, et toutes ensemble, indissolublement unies, constituent la vie et l’intelligence, la beauté et la réalité de la nature.

Ce qui est vrai, c’est que l’idéal est plus ou moins apparent ; qu’il nous intéresse plus ou moins ; que l’artiste peut être plus ou moins habile à le faire sentir ; je dis plus, il y a des cas où l’art ne peut que faire disparaître l’idéal, en essayant de l’imiter ; d’après cela, la question de l’art, de son objet et de sa fin ne laisse plus d’incertitude. Le but de l’artiste est-il de reproduire simplement les objets, sans s’occuper d’autre chose, de ne songer qu’à la réalité visible, et de laisser l’idéal à la volonté du spectateur ? En autres termes, la tendance de l’art est-elle au développement de l’idéal ou bien à une imitation purement matérielle, dont la photographie serait le dernier effort ? Il suffit de poser ainsi la question pour que tout le monde la résolve : l’art n’est rien que par l’idéal, ne vaut que par l’idéal ; s’il se borne à une simple imitation, copie ou contrefaçon de la nature, il fera mieux de s’abstenir ; il ne ferait qu’étaler sa propre insignifiance, en déshonorant les objets mêmes qu’il aurait imités. Le plus grand artiste sera donc le plus grand idéalisateur ; soutenir le contraire serait renverser toutes les notions. mentir à notre nature, nier la beauté, et ramener la civilisation à la sauvagerie.

On proposait à un Grec, Lysandre, je crois, de venir