Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/165

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choses ; qu’il relève, comme dans la famille, de l’ordre naturel ou divin, ce qui pour nous est la même chose ; qu’il ne peut convenir à qui que ce soit de le discuter et de le juger ; qu’ainsi, loin de pouvoir se soumettre à un contrôle de représentants, à une juridiction de comices populaires, c’est à lui seul qu’il appartient de se conserver, développer, renouveler, perpétuer, etc., suivant un mode inviolable, auquel nul n’a le droit de toucher, et qui ne laisse aux subordonnés que la faculté très-humble de produire, pour éclairer la religion du prince, des avis, des informations et des doléances.

Il n’y a pas deux espèces de gouvernements, comme il n’y a pas deux espèces de religions. Le Gouvernement est de droit divin ou il n’est pas ; de même que la Religion est du ciel ou n’est rien. Gouvernement démocratique et Religion naturelle sont deux contradictions, à moins qu’on ne préfère y voir deux mystifications. Le Peuple n’a pas plus voix consultative dans l’État que dans l’Église : son rôle est d’obéir et de croire.

Aussi, comme les principes ne peuvent faillir, que les hommes seuls ont le privilége de l’inconséquence, le Gouvernement, dans Rousseau ainsi que dans la Constitution de 91 et toutes celles qui ont suivi, n’est-il toujours, en dépit du procédé électoral, qu’un Gouvernement de droit divin ; une autorité mystique et surnaturelle qui s’impose à la liberté et à la conscience, tout en ayant l’air de réclamer leur adhésion.

Suivez cette série :

Dans la famille, où l’autorité est intime au cœur de l’homme, le Gouvernement se pose par la génération ;

Dans les mœurs sauvages et barbares, il se pose