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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/17

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Alexandre de Macédoine, qui ramena la Grèce à l’unité ; Jules César, qui fonda l’empire romain sur les ruines de la république hypocrite et vénale ; Clovis, dont la conversion fut le signal de l’établissement définitif du christianisme dans les Gaules, et jusqu’à certain point la cause de la fusion des hordes franques dans l’océan gaulois ; Charlemagne, qui commença la centralisation des alleux, et marqua le point de départ de la féodalité ; Louis le Gros, cher au Tiers-État, pour la faveur qu’il accorda aux Communes ; saint Louis, qui organisa les corporations d’arts et métiers ; Louis XI et Richelieu, qui achevèrent la défaite des barons, firent tous, à divers degrés, acte de révolution. Il n’y a pas jusqu’à l’exécrable Saint-Barthélemy qui, dans l’esprit du peuple, d’accord en cela avec Catherine de Médicis, dirigée contre les seigneurs plutôt que contre la Réforme, n’ait été une manifestation violente contre le régime féodal. Ce n’est qu’en 1614, à la dernière réunion des états généraux, que la monarchie française parut abjurer son rôle d’initiatrice et trahit sa propre tradition : le 21 janvier 1793 fut l’expiation de sa félonie.

Il serait aisé de multiplier les exemples : tout le monde, avec la moindre connaissance de l’histoire, y suppléera.

Une révolution est une force contre laquelle aucune autre puissance, divine ou humaine, ne peut prévaloir, dont la nature est de se fortifier et de grandir par la résistance même qu’elle rencontre. On peut diriger, modérer, ralentir une révolution : j’ai dit tout à l’heure que la plus sage politique consiste à lui céder pied à pied, afin que l’évolution éternelle de l’Humanité, au lieu de se faire par vastes enjambées, s’accomplisse insensiblement et sans bruit. On