Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/173

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levé le 13 juin ; le Peuple qui n’a pas poussé un cri au 31 mai ; le Peuple qui signe des pétitions pour la révision, et contre la révision ; ce Peuple-là, quand il s’agira de reconnaître les plus vertueux et les plus capables, de leur donner mandat pour l’organisation du Travail, du Crédit, de la Propriété, du Pouvoir lui-même, se trouvera éclairé d’en-haut ; ses représentants, inspirés de sa sagesse, seront infaillibles !

Ni M. Rittinghausen, qui a découvert en Allemagne le principe de la Législation directe ; ni M. Considérant, qui a demandé pardon à Dieu et aux hommes d’avoir été si longtemps rebelle à cette idée sublime ; ni M. Ledru-Rollin, qui les renvoie l’un et l’autre à la Constitution de 93 et à Jean-Jacques ; ni M. Louis Blanc, qui, se plaçant entre Robespierre et M. Guizot, les rappelle tous trois au pur jacobinisme ; ni M. de Girardin, qui, n’ayant pas plus de confiance à la législation directe qu’au suffrage universel et à la monarchie représentative, croit plus expéditif, plus utile, plus tôt fait, de simplifier le Gouvernement ; aucun de ces hommes, les plus avancés de l’époque, ne sait ce qu’il convient de faire pour la garantie du travail, la juste mesure de la propriété, la bonne foi du commerce, la moralité de la concurrence, la fécondité du crédit, l’égalité de l’impôt, etc., ou si quelqu’un d’eux le sait, il ne l’ose dire.

Et dix millions de citoyens qui n’ont pas, comme ces penseurs de profession, étudié, analysé dans leurs éléments, rapporté à leurs causes, développé dans leurs conséquences, comparé dans leurs affinités les principes de l’organisation sociale ; dix millions de pauvres d’esprit qui ont juré par toutes les idoles, qui ont applaudi à tous les programmes, qui ont été dupes de toutes les intrigues, ces dix millions, rédigeant