Aller au contenu

Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous les partis d’autrefois, j’ai presque dit toutes les factions successivement contre-révolutionnaires du temps passé, entreprendre de terrasser une révolution qu’ils ne comprenaient seulement pas. Un moment la coalition fut complète : je n’oserais affirmer que le parti républicain en soit bien revenu. Eh bien, qu’elle persiste, qu’elle s’obstine : la déroute sera universelle. Plus aura été reculée l’inévitable échéance, plus il sera payé pour le retard : cela est aussi élémentaire dans la pratique des révolutions, qu’un axiome en géométrie. La révolution ne démord pas : et par une raison toute simple, c’est qu’elle ne peut pas avoir tort.

Toute révolution se pose d’abord comme plainte du peuple, accusation contre un état de choses vicieux, dont les plus pauvres sentent les premiers la douleur. Il n’est pas dans la nature des masses de se révolter, si ce n’est contre ce qui leur fait peine, au physique ou au moral. Y a-t-il là matière à répression, vengeance, persécution ? Quelle folie ! Un gouvernement qui fait consister sa politique à éluder le vœu des masses et à refouler leur plainte, se dénonce lui-même : c’est le malfaiteur qui combat ses remords par de nouveaux forfaits. À chaque attentat, la conscience gronde plus terrible, jusqu’à ce qu’enfin la raison du coupable se trouble, et le livre au bourreau.

Pour conjurer les périls d’une révolution, il n’est qu’un moyen, je l’ai déjà dit : c’est d’y faire droit. Le peuple souffre, est mécontent de son sort : c’est un malade qui gémit, un enfant au berceau qui crie. Allez au-devant de lui, écoutez ses griefs, étudiez-en la cause, les conséquences ; faites, s’il y a lieu, la part de l’exagération ; puis occupez-vous immédiatement, sans relâche, de soulager le patient. La révolution, alors, s’accomplira sans fracas, comme le développe-