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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/192

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Ce système est usé ; il n’y a plus personne, ni dans le Gouvernement, ni dans le Peuple, qui en veuille.

En désespoir de cause on nous présente, sous les noms de Législation directe, Gouvernement direct, etc., d’autres combinaisons : comme par exemple, de faire faire par tout le Peuple, 10 millions de citoyens, la besogne législative, du moins une partie ; ou bien de faire nommer par ces 10 millions d’hommes une partie des agents et fonctionnaires du Pouvoir exécutif, actuellement à la dévotion du Président. La tendance de ces différents systèmes est de faire arriver au Gouvernement au moins la moitié plus un des citoyens, au rebours de ce qu’enseigne J.-J. Rousseau, qu’il est contre l’ordre naturel que le plus petit nombre soit gouverné par le plus grand.

Nous venons de prouver que ces combinaisons, qui ne se distinguent les unes des autres que par plus ou moins d’inconséquence, rencontrent, dans la pratique, des difficultés insurmontables ; qu’au reste, elles sont toutes flétries d’avance, marquées au coin de l’arbitraire et de la force brutale, puisque la Loi du Peuple, obtenue par voie de scrutin, est nécessairement une loi de hasard, et que le Pouvoir du Peuple, fondé sur le nombre, est nécessairement un Pouvoir de vive force.

Impossible donc de s’arrêter dans cette descente. Il faut arriver à l’hypothèse extrême, celle où le Peuple entre en masse dans le Gouvernement, remplit tous les pouvoirs, et toujours délibérant, votant, exécutant, comme dans une insurrection, toujours unanime, n’a plus au-dessus de lui ni président, ni représentants, ni commissaires, ni pays légal, ni majorité, en un mot, est seul législateur dans sa collectivité et seul fonctionnaire.

Mais si le Peuple, ainsi organisé pour le Pouvoir,