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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/226

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les capitalistes ne feront pas d’objections. Mais voici ce qu’ils diront aux hypothéqués et à l’État :

Vous pouvez réduire l’intérêt, et même généraliser la réduction, si, par une affluence subite de capitaux ou une combinaison financière, vous trouvez un crédit au-dessous du taux actuel. Mais ce que vous n’avez pas le droit de faire, c’est d’ajourner le remboursement. Vous violeriez la foi des contrats. Ou rendez-nous, sur-le-champ, nos capitaux ; ou subissez l’intérêt. Voilà le dilemme.

Et comme la totalité des dettes, non compris celles des communes et de l’État, s’élève peut-être à 18 milliards, tandis qu’il existe tout au plus un milliard de numéraire dans la circulation, il est clair que le remboursement est impossible. Nous sommes pris.

J’étais à Lyon en 1846-47, employé dans une maison de commission et de transports par eau. La maison avait des marchés à l’année, avec un grand nombre d’expéditeurs et réceptionnaires du Midi et de l’Est. Les prix de voiture, fixés à forfait, comprenaient les droits de navigation, tant sur les canaux que sur les fleuves. Une ordonnance de dégrèvement en faveur des céréales étant survenue, le montant des droits de navigation fut intégralement déduit des lettres de voiture : ce furent les clients, non les voituriers, qui profitèrent de la remise. Le contraire aurait eu lieu, si le ministre, au lieu de diminuer les droits, les avait augmentés. Dans les deux cas, il y avait force majeure, provenant du fait du prince, et qui, se passant hors des prévisions du contrat, devait se liquider indépendamment du contrat.

Appliquons cette règle.

Si, par un événement imprévu, résultant de l’amélioration de la place et de l’intervention de l’autorité,