Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/227

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le taux légal de l’intérêt est abaissé à 3, 2, 1 ou 1/2 p. %, il est clair qu’à l’instant même tous les intérêts stipulés dans les contrats antérieurement écrits, doivent être réduits proportionnellement. Le prix de l’argent est, comme le prix du transport et de toute marchandise, composé d’éléments divers, dont la multiplication produit la hausse, dont l’absence doit par conséquent amener la baisse. Jusqu’ici la parité est exacte.

Mais le créancier, qui n’a plus d’intérêt au crédit, exige le remboursement : c’est-à-dire qu’il profite de la rareté du numéraire pour éluder la loi et maintenir ses intérêts. La mauvaise foi est flagrante : toutefois le prétexte est spécieux ; il faut y répondre.

Sur quoi repose le commerce de l’argent ? sur la rareté même de l’argent. Si la quantité d’or et d’argent était dix fois, vingt fois plus forte, la valeur de ces métaux serait dix fois, vingt fois moindre : par conséquent l’intérêt dix fois, vingt fois plus faible. On finirait même par ne faire pas plus d’état de l’argent et de l’or que du fer et du cuivre : ils ne seraient plus réputés instruments d’échange. On les vendrait, on les achèterait comme le fer et le cuivre ; on ne les prêterait plus à intérêt. La rareté du numéraire est donc essentielle à la nature de sa fonction.

Mais cette rareté n’en est pas moins un mal, puisqu’en dernière analyse c’est toujours de cette rareté que se plaignent l’agriculture, le commerce et l’industrie : en sorte que, par une contradiction singulière, le travail et l’échange sont condamnés à souffrir de la rareté d’une marchandise qui leur est nécessaire, et qui ne peut pas ne pas être rare.

Or, les citoyens par leur accord, ou l’État qui jusqu’à nouvel ordre les représente, ont trouvé moyen de