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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/230

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bâtie était purgée de ses hypothèques ; si les propriétaires et entrepreneurs trouvaient, les uns pour les maisons qu’ils veulent faire bâtir, les autres pour l’achat de leurs matériaux, le capital à bas prix : il s’ensuivrait, d’abord, que les frais de construction diminueraient considérablement ; que les vieilles bâtisses pourraient, avec avantage et avec peu de dépense, se réparer ; et par contre-coup, qu’une certaine baisse se ferait sentir dans le prix des logements.

D’autre part, les capitaux ne trouvant plus à se placer avec le même avantage dans les fonds publics et les banques, les capitalistes seraient conduits à rechercher le placement en immeubles, notamment dans les maisons, toujours plus productives que la terre. Il y aurait donc, de ce côté-là aussi, surcroît de concurrence ; l’offre des logements tendrait à surpasser la demande, le prix de location descendrait encore.

Il descendrait d’autant plus que la réduction de l’intérêt perçu à la Banque et payé aux créanciers de l’État serait plus forte ; et si, comme je le propose, l’intérêt de l’argent était de suite fixé à zéro, le revenu du capital engagé dans les maisons devrait, au bout d’un certain temps, descendre également à zéro.

Alors le prix des logements ne se composant plus que de ces trois choses : l’amortissement du capital dépensé dans la construction, l’entretien du bâtiment, et l’impôt, le contrat de loyer cesserait d’être un prêt à usage pour devenir une vente de l’entrepreneur du bâtiment au domicilié.

Alors, enfin, la spéculation ne recherchant plus les maisons comme lieu de placement, mais comme objet d’industrie, le rapport entièrement civil que nous a transmis le droit romain, de propriétaire à locataire, disparaîtrait pour faire place à un rapport purement