Aller au contenu

Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nergie du parti républicain, à la misère et à l’ignorance des classes travailleuses.

Le mouvement, au lieu de se propager en réduction sur les loyers, s’est donc continué en baisse sur les immeubles : ce sont les propriétaires qui ont pâti. Tandis que le prix de loyer demeurait à peu près fixe, la propriété a perdu 50, 60 et 80 p. %. La révolution aurait soutenu la propriété ; la réaction, par ses fureurs, lui a fait subir une dépréciation irréparable.

Ceci compris, supposons que la ville de Paris, reprenant en sous-œuvre le projet abandonné des Cités ouvrières, ouvre la campagne contre la cherté des logements ; achète, aux prix les plus bas, les maisons en vente ; traite, pour leur réparation et entretien, avec des compagnies d’ouvriers en bâtiment ; puis loue ces maisons, d’après les lois de la concurrence et de l’égal échange. Dans un temps donné, la ville de Paris sera propriétaire de la majorité des maisons qui la composent ; elle aura pour locataires tous ses citoyens.

Ici, comme toujours, la tendance est avérée et significative, le droit incontestable. Si depuis la prise de la Bastille, la ville de Paris avait consacré à cette acquisition les sommes qu’elle a dépensées en fêtes publiques, au couronnement des rois et à la naissance des princes, elle aurait amorti déjà pour quelques centaines de millions de propriétés. Que le pays soit donc juge ; qu’il décide en combien d’années il entend révolutionner cette première catégorie de propriétés : ce qu’il aura résolu, je le tiendrai pour sagement résolu, et d’avance je l’accepte.

Qu’il me soit permis, en attendant, de formuler un projet.

Le droit de propriété, si respectable dans sa cause,