Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/235

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lides fondements. La terre est encore la forteresse du capitalisme moderne, comme elle fut la citadelle de la féodalité et de l’antique patriciat. C’est la terre enfin, qui rend à l’autorité, au principe gouvernemental, une force toujours nouvelle, chaque fois que l’Hercule populaire a renversé le géant.

Maintenant la place d’armes, attaquée sur tous les points, privée de ses fortins, va tomber devant nous comme tombèrent, au bruit des trompettes de Josué, les murailles de Jéricho. La machine qui doit enfoncer les remparts est trouvée : ce n’est pas moi qui en suis l’inventeur ; c’est la propriété elle-même.

Tout le monde a entendu parler des banques de crédit foncier, en usage depuis longtemps déjà parmi les propriétaires de Pologne, d’Écosse, de Prusse, et dont les propriétaires et agriculteurs français réclament avec tant d’instance l’introduction dans notre pays. Dans un précédent article, parlant de la liquidation des dettes hypothécaires, j’ai eu l’occasion de rappeler les tentatives faites à l’Assemblée nationale par quelques honorables conservateurs, pour doter la France de cette bienfaisante institution. J’ai montré, à ce propos, comment la banque foncière pouvait devenir un instrument de révolution à l’égard des dettes et usures ; je vais montrer comment elle peut l’être encore, vis-à-vis de la propriété.

Le caractère spécial de la banque foncière, après le bas prix et la facilité de son crédit, c’est le remboursement par annuités.

Supposons que les propriétaires, n’attendant plus rien de l’initiative du gouvernement, suivent l’exemple des associations ouvrières, et, prenant en main leurs propres affaires, s’entendent pour fonder, par souscription ou garantie mutuelle, une Banque.