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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/253

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jouir eux-mêmes, sans réciprocité de leur part, de la totalité de la rente.

3o Quant aux inconvénients de la non-circulation des immeubles, j’en montrerai tout à l’heure la gravité.

4o Enfin ce fermage universel, absolu, irrévocable, contraire aux aspirations les plus certaines de l’époque, me paraît, dans l’état actuel des choses, souverainement impolitique. Le peuple, même celui du socialisme, veut, quoi qu’il dise, être propriétaire ; et si l’on me permet de citer ici mon propre témoignage, je dirai qu’après dix ans d’une critique inflexible, j’ai trouvé sur ce point l’opinion des masses plus dure, plus résistante que sur aucune autre question. J’ai fait violence aux convictions, je n’ai rien obtenu sur les consciences. Et, chose à noter, qui prouve jusqu’à quel point la souveraineté individuelle s’identifie dans l’esprit du peuple avec la souveraineté collective, plus le principe démocratique a gagné de terrain, plus j’ai vu les classes ouvrières, dans les villes et les campagnes, interpréter ce principe dans le sens le plus favorable à la propriété.

Tout en maintenant donc une critique sur le but de laquelle personne ne saurait désormais se méprendre, j’ai dû conclure que l’hypothèse d’un fermage général ne contenait pas la solution que je cherchais, et qu’après avoir liquidé la terre, il fallait songer sérieusement à la remettre, en toute souveraineté, au laboureur ; que hors de là, ni son orgueil de citoyen, ni ses droits de producteur, ne pouvaient être satisfaits.

Cette solution importante, sans laquelle rien de stable ne se peut produire dans la société, j’ai cru l’avoir trouvée, et comme toujours, d’autant plus simple,