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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/261

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si nous voulons conduire avec quelque intelligence la Révolution :

Toute industrie, exploitation ou entreprise, qui par sa nature exige l’emploi combiné d’un grand nombre d’ouvriers de spécialités différentes, est destinée à devenir le foyer d’une société ou compagnie de travailleurs.

C’est ce qui me faisait dire un jour, en février ou mars 1849, dans une réunion de patriotes, que je repoussais également l’exécution et l’exploitation des chemins de fer par des compagnies de capitalistes et par l’État. Suivant moi les chemins de fer sont dans les attributions de sociétés ouvrières, aussi différentes des sociétés de commerce actuelles qu’elles doivent être indépendantes de l’État. Un chemin de fer, une mine, une manufacture, un navire, etc., sont aux ouvriers qu’ils occupent ce que la ruche est aux abeilles : c’est tout à la fois leur instrument et leur domicile, leur patrie, leur territoire, leur propriété. Il est surprenant que ceux qui soutiennent avec le plus de zèle le principe d’association n’aient pas vu que tel était son emploi naturel.

Mais là où le produit peut s’obtenir sans un concours de facultés spéciales, par l’action d’un individu ou d’une famille, il n’y a pas lieu à association. L’association, n’étant pas indiquée par la nature des fonctions, ne saurait être profitable ni de longue durée ; j’en ai donné ailleurs les motifs.

Lorsque je parle, soit de la force collective, soit d’une extrême division du travail, comme condition nécessaire de l’association, il est entendu que je raisonne au point de vue de la pratique plutôt que dans la rigueur juridique ou mathématique des termes. La liberté d’association étant illimitée, il est évident que