Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/285

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est jamais vu, comme un Gouvernement n’en produira jamais.

Que ce mouvement général, ainsi que je l’ai plus d’une fois observé, soit seulement indiqué ; que la douane, poussée par le crédit, avance, d’aussi peu qu’elle voudra, dans cette ligne, et l’ancien ordre de choses, en ce qui concerne nos rapports avec l’étranger, se modifie tout à coup ; l’économie internationale entre dans la voie révolutionnaire. En fait de douane comme en toute autre chose, le statu quo ou la hausse, c’est la réaction ; le progrès ou la baisse, c’est la révolution. Ainsi l’avait compris, ainsi le pratiqua un aristocrate fameux, Robert Peel, qui se montra du reste, à cette occasion, aussi éloigné des théories de Cobden que de l’égoïsme des propriétaires. Les réformes douanières de Robert Peel avaient pour base et condition préalable la surabondance et le bas prix des capitaux en Angleterre, tandis que chez nous les libre-échangistes, assistés des Montagnards, réclament l’abolition de la douane comme compensation du capital national, ce qui revient à dire l’invasion de l’étranger pour réparation de nos défaites, l’exploitation des capitalistes anglais, suisses, hollandais, américains, russes, pour aider à l’émancipation de nos prolétaires ! Nous n’avions pas besoin de cet exemple pour savoir que si le peuple français est vendu à l’étranger, si la Révolution est trahie, si la conspiration est organisée contre le socialisme, c’est surtout par les organes et les représentants du parti républicain. Mais pardonnons-leur : ils ne savent pas plus ce qu’ils font que ce qu’ils veulent !

Pour moi, qui combats les libre-échangistes, parce que tout en supprimant la douane, ils demandent la liberté de l’usure ; dès lors que l’intérêt baissera, je suis pour l’abaissement des tarifs, et si cet intérêt est