Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/292

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fourni de bonne heure aux publicistes une classification des états d’après leurs caractères superficiels.

On remarquera que le système gouvernemental tend à se compliquer de plus en plus, sans devenir pour cela plus régulier ni plus moral, sans offrir plus de garanties aux personnes et aux propriétés. Cette complication résulte, d’abord, de la législation, toujours incomplète et insuffisante ; en second lieu de la multiplicité des fonctionnaires ; mais surtout de la transaction entre les deux éléments antagonistes, l’initiative royale et le consentement populaire. Il était réservé à notre époque de constater, d’une manière définitive, que cette transaction, rendue inévitable par le progrès des siècles, est l’indice le plus certain de la corruption, de la décadence, et de la disparition prochaine de l’autorité.

Quel est le but de cet organisme ?

De maintenir l’ordre dans la société en consacrant et sanctifiant l’obéissance du citoyen à l’État, la subordination du pauvre au riche, du villain au noble, du travailleur au parasite, du laïc au prêtre, du bourgeois au soldat.

Aussi haut que la mémoire de l’humanité remonte, elle se trouve organisée, d’une manière plus ou moins complète, sur ces bases, qui constituent l’ordre politique, ecclésiastique ou gouvernemental. Tous les efforts tentés pour donner au Pouvoir une allure plus libérale, plus tolérante, plus sociale, ont constamment échoué : ils sont même d’autant plus infructueux qu’on essaye de faire au Peuple une part plus large dans le Gouvernement, comme si ces deux mots : Souveraineté et Peuple, qu’on a cru pouvoir accoler ensemble, répugnaient autant l’un à l’autre que ceux-ci, Liberté et Despotisme.