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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/344

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s’est trouvée impuissante, et pourquoi ? précisément parce qu’elle se mouvait dans la sphère du droit politique. Mais organisez les forces économiques de l’Allemagne ; aussitôt cercles politiques, électorats, principautés, royaumes, empires, tout s’efface, jusqu’au Zollwerein ; l’unité allemande sort de l’abolition de ses États. Ce qu’il faut à la vieille Teutonie n’est pas une confédération, c’est une liquidation.

Qu’on le sache une fois : le résultat le plus caractéristique, le plus décisif de la Révolution, c’est, après avoir organisé le travail et la propriété, d’anéantir la centralisation politique, en un mot l’État, et, comme conséquence de cet anéantissement, de supprimer les rapports diplomatiques entre les nations, à mesure qu’elles souscrivent au pacte révolutionnaire. Tout retour aux traditions de la politique, toute préoccupation d’équilibre européen fondé sur le prétexte de la nationalité et de l’indépendance des états, toute proposition d’alliances à former, de souverainetés à reconnaître, de provinces à restituer, de frontières à transporter, trahirait chez les organes du mouvement la plus complète inintelligence des besoins du siècle, le mépris des réformes sociales, une arrière-pensée de contre-révolution.

Les rois peuvent aiguiser leurs sabres, et se préparer à leur dernière campagne. La Révolution, au dix-neuvième siècle, a pour tâche suprême, bien moins encore d’atteindre leurs dynasties, que de détruire jusqu’au germe de leur institution. Nés de la guerre, formés pour la guerre, soutenus par la guerre, intérieure et extérieure, quel pourrait être leur rôle dans une société de travail et de paix ? La guerre, dorénavant, ne peut plus avoir de motif que le refus de désarmement. La fraternité universelle se constituant