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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/361

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monarchie, de la république gouvernementale et modérée, auxquels il faut joindre certains entrepreneurs de théories sociétaires, sont les vrais ennemis de la Révolution, d’autant plus coupables qu’ils sont d’une foi moins robuste, et que leur hostilité n’est qu’affaire de vanité et d’intérêt.

Mais que dis-je ? y a-t-il aujourd’hui des hommes vraiment coupables du crime de contre-révolution ? Et quand il s’en trouverait par hasard quelqu’un, ne serait-il pas largement excusé par le service que son opposition rend à la cause même qu’il prétend combattre ?

Qui donc aurait pensé au crédit gratuit, sans la retraite du capital ? — Le capital se refuse, disait M. Thiers en 1848, avec une excessive complaisance. J’ai peur qu’il ne lui en coûte cher un jour, pour s’être refusé.

Qui, sans la guerre de Rome, aurait remis sur le tapis l’ancienne thèse de la décatholicisation de l’Europe ?

Qui, sans la rue de Poitiers, se fût avisé de la révolution agraire ?

Qui, sans les rigueurs de la magistrature, eût imaginé d’abolir les tribunaux ?

Qui, sans l’état de siége, sans les attaques à la garde nationale, eût soulevé la question de l’obéissance passive du soldat, et parlé de supprimer les armées permanentes ?

Qui, sans l’abus de la centralisation politique, aurait formulé l’organisation économique ?

Qui, sans la Législation directe de M. Rittinghausen, le Gouvernement direct de M. Considérant, la dictature de Nauvoo, aurait repris la théorie du Contrat social, et posé, avec un surcroît de certitude, le principe de l’anarchie ?…

Poursuivez donc, royalistes, jésuites, bancocrates,