Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/41

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soldats suffisent pour tenir en respect les révolutionnaires de trente-sept mille communes, à qui le coup d’État servira de signal ; qu’à défaut de soulèvement, le refus de l’impôt, la cessation du travail, l’interruption des transports, la dévastation, l’incendie, toutes les fureurs prévues par l’auteur du Spectre rouge, ne mettent pas la contre-révolution à son tour en état de blocus ; qu’il suffise au chef du pouvoir exécutif, élu de quatre cents conspirateurs, aux quatre-vingt-six préfets, aux quatre cent cinquante-neuf sous-préfets, aux procureurs généraux, présidents, conseillers, substituts, capitaines de gendarmerie, commissaires de police, et à quelques milliers de notables, leurs complices, de se présenter aux masses, le décret d’usurpation à la main, pour les faire rentrer dans le devoir ;

Supposant, dis-je, qu’aucune de ces conjectures, si redoutables, si probables, ne se réalise, il faut encore, si vous tenez à ce que votre œuvre se consolide :

1o Déclarer l’état de siége général, absolu, et pour un temps illimité ;

2o Décréter la transportation au delà des mers de cent mille individus ;

3o Doubler l’effectif de l’armée et la tenir constamment sur pied de guerre ;

4o Augmenter les garnisons, la gendarmerie ; armer les forteresses, élever en chaque canton un château fort, intéresser le militaire à la réaction, en formant de l’armée une caste qui, dotée et anoblie, puisse en partie se recruter elle-même ;

5o Reformer le peuple par corporations d’arts et métiers, impénétrables les unes aux autres ; supprimer la libre concurrence ; créer dans le commerce, l’industrie, l’agriculture, la propriété, la finance, une bour-