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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/83

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sance qui ne servent merveilleusement les vues de l’autorité.

La bienfaisance est la plus forte chaîne par laquelle le privilége et le Gouvernement chargé de le défendre, tiennent le prolétariat. Avec la bienfaisance, plus douce au cœur des hommes, plus intelligible au pauvre que les lois abstruses de l’économie politique, on se dispense de la justice. Les bienfaiteurs abondent au catalogue des saints ; on n’y trouve pas un justicier. Le Gouvernement, comme l’Église, place la fraternité fort au-dessus du droit. Ami des pauvres tant qu’on voudra, il exècre les calculateurs. À propos de la discussion sur les monts-de-piété, le Journal des Débats rappelait qu’il existait déjà plus de huit cents hospices cantonaux, donnant à entendre qu’avec le temps on en aurait partout. Les monts-de-piété, ajoutait-il, suivent le même progrès ; chaque ville veut avoir le sien, elle l’obtiendra. Aussi ne puis-je concevoir l’indignation de la feuille bourgeoise contre les deux honorables socialistes qui proposaient d’établir tout de suite en chaque canton un mont-de-piété. Jamais proposition ne fut plus digne de la faveur des Débats. La maison de prêt sur gage, le prêt fût-il gratuit, est le vestibule de l’hôpital. Et qu’est-ce que l’hôpital ? le temple de la Misère.

Par ses trois ministères de l’agriculture et du commerce, des travaux publics et de l’intérieur, par les impôts de consommation et par la douane, le Gouvernement a la main sur tout ce qui vient et ce qui va, ce qui se produit et se consomme, sur toutes les affaires des particuliers, des communes et des départements ; il maintient la tendance de la société vers l’appauvrissement des masses, la subalternisation des travailleurs, et la prépondérance toujours plus grande