Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/84

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des fonctions parasites. Par la police il surveille les adversaires du système ; par la justice il les condamne et les réprime ; par l’armée il les écrase ; par l’instruction publique il distribue, dans la proportion qui lui convient, le savoir et l’ignorance ; par les cultes il endort la protestation au fond des cœurs ; par les finances il solde, à la charge des travailleurs, les frais de cette vaste conjuration.

Sous la monarchie de juillet, je le répète, les hommes du pouvoir, pas plus que les masses, n’eurent l’intelligence de la pensée qu’ils servaient. Louis-Philippe, M. Guizot et consorts, faisaient les choses avec une naïveté de corruption qui leur était propre, usant à merveille des voies et moyens, mais n’apercevant pas distinctement la fin. Depuis que le prolétariat a fait entendre, au lendemain de février, sa voix formidable, le système a commencé d’être compris, il s’est posé avec audace dans son dogmatisme effronté ; il s’est appelé de son nom patronymique, Malthus, et de son prénom, Loyola. Au fond, rien n’a été changé par l’événement de février, pas plus que par ceux de 1830, 1814, 1793, à l’ordre de choses prétendu constitutionnel fondé en 1791. Louis-Bonaparte, qu’il le sache ou l’ignore, continue Louis-Philippe, les Bourbons, Napoléon et Robespierre.

Ainsi, en 1851 comme en 88, et par des causes analogues, il y a dans la société tendance prononcée à la misère. Aujourd’hui comme alors, le mal dont se plaint la classe travailleuse n’est point l’effet d’une cause temporaire et accidentelle : c’est le résultat d’une déviation systématique des forces sociales.

Cette déviation date de loin ; elle est antérieure même à 89, elle a son principe dans les profondeurs de l’économie générale du pays. La première révolution,