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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/91

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tage, le besoin d’une révolution se révélant aux masses fait surgir aussitôt dans tous les partis des théories, des écoles, des sectes, qui s’emparent du forum, captent la faveur du peuple par des exhibitions plus ou moins curieuses, et, sous couleur d’améliorer son sort, de revendiquer ses droits, de le rétablir dans l’exercice de son autorité, travaillent ardemment à leur propre fortune.

Avant donc de rechercher la solution du problème posé aux sociétés modernes, il convient d’apprécier la valeur des théories offertes à la pâture populaire, bagage obligé de toutes les révolutions. Dans un travail de la nature de celui-ci, l’utopie ne saurait être passée sous silence, d’un côté, parce que, comme expression des partis et des sectes, elle joue un rôle dans le drame ; en second lieu, parce que l’erreur n’étant le plus souvent qu’une mutilation ou contrefaçon de la vérité, la critique des vues partielles rend plus facile l’intelligence de l’idée générale.

Faisons-nous d’abord une règle de critique à l’égard des théories révolutionnaires, comme nous nous sommes fait un criterium sur l’hypothèse même de la révolution.

Demander s’il y a raison suffisante de révolution au dix-neuvième siècle, c’est, avons-nous dit, demander quelle est la tendance de la société actuelle.

Et nous avons répondu : La société étant engagée dans une voie fatalement et progressivement désastreuse, ainsi qu’il résulte de toutes les statistiques, de toutes les enquêtes, de tous les comptes-rendus, et que les partis, quoique sur des considérations différentes, l’avouent, une révolution est inévitable.

Tel a été notre raisonnement sur l’utilité et la nécessité de la Révolution. En le pressant davantage,