Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/95

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devais les obtenir que par des flatteries. Que ceux de leurs membres qui liront ces pages daignent seulement se souvenir qu’en traitant de l’association, c’est un principe, moins que cela, une hypothèse que je discute ; ce n’est point telle ou telle entreprise qui, malgré son titre, n’en est nullement responsable, et dont le succès, en fait, n’en dépend pas. Je parle de l’Association, non des associations, quelles qu’elles soient.

J’ai toujours regardé l’Association en général, la fraternité, comme un engagement équivoque, qui, de même que le plaisir, l’amour, et beaucoup d’autres choses, sous l’apparence la plus séduisante, renferme plus de mal que de bien. C’est peut-être un effet du tempérament que j’ai reçu de la nature : je me méfie de la fraternité à l’égal de la volupté. J’ai vu peu d’hommes se louer de l’une et de l’autre. En particulier, l’Association présentée comme institution universelle, principe, moyen et but de la Révolution, me paraît cacher une arrière-pensée d’exploitation et de despotisme. J’y vois une inspiration du régime gouvernemental, restauré en 91, renforcé en 93, perfectionné en 1804, érigé en dogme et en système de 1814 à 1830, et reproduit dans ces derniers temps, sous le nom de gouvernement direct, avec un entraînement qui montre bien jusqu’où va parmi nous l’illusion des esprits.

Appliquons le critérium.

Que veut aujourd’hui la société ?

Que son inclination au péché et à la misère devienne un mouvement vers le bien-être et la vertu.

Que faut-il pour opérer ce changement ?

Rétablir l’équilibre dans les forces économiques.

L’association est-elle l’équilibre de forces ?