Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Grotius reprend :

« La force ne fait pas le droit, bien qu’elle serve à le maintenir et à l’exercer. »

Vattel ajoute :

« On revendique son droit par des titres, par des témoignages, par des preuves ; on le poursuit par la force. »

Ancillon :

« La force et le droit sont des idées qui se repoussent : l’une ne peut jamais fonder l’autre. »


Kant, l’incomparable métaphysicien, qui sut démêler les lois de la pensée, qui le premier conçut l’idée d’une phénoménologie de l’esprit, ne connaît rien à celle de la guerre. Il se met à la suite de Grotius, Wolf et Vattel :


« Les éléments du droit des gens sont : 1° Que les états, considérés dans leurs rapports mutuels externes (comme des sauvages sans lois), sont naturellement dans un état non juridique ; 2° que cet état est un état de guerre (du droit du plus fort), quoiqu’il n’y ait pas en réalité toujours guerre et toujours hostilité. Cette position respective est très injuste en elle-même, et tout l’effort du droit est d’en sortir. » — Ailleurs : « Les nations ont le droit de faire la guerre, comme un moyen licite de poursuivre leur droit par la force, quand elles peuvent avoir été lésées, et puisque cette revendication ne peut avoir lieu par un procès. »


Martens, et son éditeur français M. Vergé, raisonnent