Depuis Wolf et son abréviateur Vattel, on ne peut pas dire qu’il se soit produit sur le droit de la guerre et des gens une seule théorie. Personne n’a essayé de combler cette immense lacune, qui, laissant le droit international dépourvu de sanction comme de principe, ruine tour a tour le droit public et le droit civil, compromet le pouvoir du prince, la souveraineté de l’état, la légitimité des magistratures, l’autorité des tribunaux, la sécurité des propriétaires ; assimile les armées à des bandes infernales, souffle aux populations le mépris et la révolte, et menace de ruine la civilisation tout entière.
D’après les auteurs, il n’existe ni droit de la guerre ni droit des gens : ce sont deux hypothèses commandées pour le besoin de la civilisation et l’honorabilité du genre humain, mais deux hypothèses absolument gratuites. La conséquence est que le corps du droit tout entier est un assemblage de fictions. C’est à cela que se réduit, à l’heure où j’écris ces lignes, toute la science juridique.