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CHAPITRE VI


QUE LE DROIT DE LA FORCE N’A PAS ÉTÉ CONNU DE HOBBES : EXAMEN CRITIQUE DU SYSTEME DE CET AUTEUR


L’écrivain qui entreprend de réhabiliter soit une idée, soit une époque, soit un homme, ne saurait s’entourer de trop de précautions, et prendre contre le retour de la calomnie trop de sûretés. Il ne manque certes pas aujourd’hui de gens qui, pour peu que je leur en fournisse le prétexte, seraient heureux de dire que la théorie du droit de la force, que j’exposerai tout à l’heure, est empruntée au célèbre anglais Hobbes, connu du vulgaire des lettrés pour s’être fait l’éditeur et le panégyriste des propositions les plus immorales et les plus atroces qui aient paru sur le droit des gens. Peu de personnes, j’imagine, parmi mes contemporains et compatriotes, s’avisent de lire les écrits de ce publiciste que j’ose appeler de génie, bien que je regarde sa doctrine comme ne contenant que la moitié de la vérité, et qui eut la gloire de chercher, l’un des premiers, les principes de l’ordre social dans la pure et droite raison, et en dehors de toute foi ou révélation religieuse.

C’est un des effets inévitables du progrès, qu’à mesure