Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/150

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que notre raison s’éclaire et que le chaos de nos idées se débrouille, les vieux auteurs, premiers pionniers de la pensée, sont oubliés peu à peu et leurs livres envoyés au grenier. Mais il appartient à ceux qui aspirent à continuer leur œuvre de les rappeler de temps en temps au souvenir de la postérité, et de payer à leurs efforts le juste tribut de reconnaissance qu’ils ont mérité.

Voici ce que je lis sur Hobbes, dans la Biographie portative universelle, publiée par Garnier frères, Paris, 1852 :


« Hobbes (Thomas), célèbre philosophe anglais, écrivain politique, poète anglais et latin ; Malmesbury, 1588-1680. Pendant les guerres civiles, il se montra zélé partisan de la cause royale et dut se réfugier en France (1640). Rentré dans sa patrie (1653), il se fit de nombreux ennemis par ses opinions et l’intolérance de son caractère. Hobbes fut l’ami de Bacon, de Gassendi, de Galilée. Penseur audacieux, quelquefois profond ; rigoureux logicien, mais, en même temps, génie étroit et paradoxal, il usa une remarquable puissance sans grand résultat. Son système est un matérialisme franc et complet lequel exclut Dieu. En morale et en politique il part de cette hypothèse que l’homme est par nature égoïste, méchant, hostile à l’homme. Il soutient que le droit ne commence qu’avec les contrats et n’a point d’autre base, et de là il conclut que le meilleur gouvernement est celui de la force, le despotisme monarchique sous la forme la plus absolue. C’est dans le livre De Cive (1642), qu’il a développé cette doctrine restée célèbre… »


Ce petit article est le résumé de tout ce que l’on pense communément, encore aujourd’hui, de Hobbes. Matérialiste, athée, fauteur du pouvoir absolu, que voulez-vous de plus horrible, de plus noir ? Qu’il ait été, du reste, penseur