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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/194

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de son originalité, de son indépendance et de son autonomie. Mais, ainsi que nous l’avons observé, tous ces droits doivent s’effacer devant la nécessité qui, en multipliant les hommes, en développant les populations et les états, les force de se joindre, de se pénétrer, de se fondre : de là la guerre, de là les prérogatives de la force. Ce qui se passe alors n’est pas autre chose que ce qui arrive dans toute société policée, lorsque deux droits différents se trouvent en opposition : c’est l’intérêt le moins important qui cède au supérieur, et dont le droit, par conséquent, vient s’absorber dans celui du second. Ainsi, dans le cas d’utilité publique, il y a dépossession du simple particulier, mais sauf indemnité préalable. L’expropriation n’est autre ici que l’exercice du droit de la force ; l’indemnité qui en est la condition, représente, le droit privé, que vient absorber le droit général.

La guerre, l’exercice du droit de la force, de nation à nation, et la conquête qui s’ensuit, est donc le sacrifice d’une ou de plusieurs de ces personnes morales, qu’on appelle nations ou états, à une nécessité supérieure, qui prime dans ce cas le respect dû à cette personne morale, et son droit à l’existence.


2. Reconstitution des nationalités. — Ce motif est l’inverse du précédent. Il a lieu toutes les fois que, par la dissolution d’un grand État, les parties qui le composent, et qui jusque-là s’étaient fusionnées dans un État commun, tendent à se désagréger, obéissant, non plus à l’attraction du centre, mais à leurs attractions et répulsions particulières. Ainsi, de l’antique empire des Perses, fondé par Cyrus, se formèrent, après la mort d’Alexandre, tous ces petits royaumes qui furent l’apanage des généraux macédoniens, et subsistèrent jusqu’à l’arrivée des Romains. Ainsi, de la dissolution romaine, favorisée par l’invasion