Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/226

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les races slaves, il suffirait peut-être de poser la question d’un démembrement dans l’empire des czars, pour que Russes et Polonais, d’accord sur la question de race, d’accord sur le système de gouvernement, se réunissent aussitôt contre l’influence étrangère, et affirmassent, aux noms de la nationalité, de la liberté et du droit de la force, la prépondérance de la race slave sur l’Europe.

On ne réfléchit point assez, selon moi, que la question de nationalité est primée par celle des libertés politiques ; que ce n’est même qu’en vue de celles-ci qu’on soulève aujourd’hui partout celle-là ; que la liberté politique obtenue, Polonais et Russes seraient très près de s’entendre, surtout en présence du double mouvement qui pousse à l’unité les races germaniques et les races latines.

Je ne vois que la révolution économique, dont 1848 a posé le principe, qui puisse opérer cette révolution de l’empire russe, si vivement désirée par les états d’Occident, mais en opérant en même temps leur propre décentralisation, et en recréant dans toute l’Europe autant de nationalités, autant d’états, qu’il y avait de provinces, duchés, comtés, villes, etc., au moyen âge.


Question autrichienne. — La révolution qui travaille en ce moment l’Autriche me parait due bien moins au principe de nationalité, si ardemment défendu en Italie, mais très-peu senti, j’imagine, par des peuples qui depuis des siècles se sont volontairement donnés à l’empire, qu’à ce besoin de libertés politiques qui depuis 1815 se fait sentir aux peuples de l’Europe. A cet égard, la bourgeoisie de Vienne montre tout autant d’impatience que celle de Hongrie ; le fidèle Tyrol s’émeut comme la Croatie sa voisine ; les protestants et les catholiques marchent d’accord : les moins hostiles aux vues de la Cour de Vienne sont peut-être les nobles