Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/229

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par la mutuelle reconnaissance de leurs forces, et sans passer par l’épreuve de la guerre et de la conquête, à se grouper en un grand état fédératif, jouissant des avantages de l’unité, sans aucun des risques de la centralisation ; de l’autre, à jouir de toutes les libertés politiques promises lors de la grande coalition contre Napoléon, en 1813. Et comme en Autriche, ce sont les princes, c’est le roi de Prusse, qui résistent aux vœux des populations, qui repoussent ce principe salutaire, juridique, de la collectivité des forces libres, pour lui substituer celui de l’assimilation de ces mêmes forces en une puissance unique, qui serait dans la main du prince comme la foudre dans celle de Jupiter.

Cette tendance des états de l’Allemagne, comme de ceux de l’Autriche, à se fédérer, en dehors de l’impulsion, des armes et de la juridiction guerrière, et sans se résoudre dans une unité artificielle, me paraît être, en ce qui touche le Droit de la guerre et le Droit des gens, le fait le plus considérable de l’histoire ; elle marque, au moment où j’écris, le point le plus avancé du progrès. C’est contre cette tendance, aussi loyale qu’énergique, des populations, que se débattent les rois et les nobles, toujours unis contre le tiers-état, et toujours divisés entre eux dès qu’ils n’ont plus à le craindre.


Question italienne. — L’Italie, remontant le cours de ses révolutions antérieures, deviendra-t-elle, après avoir aboli son gouvernement pontifical et chassé son empereur germanique, royaume unitaire, à l’instar de la France, ou restera-t-elle fédérale ? Question évidemment qui est du ressort du droit des gens, puisque l’Italie se composait, hier encore, de plusieurs états indépendants ; question, par conséquent, qui relève directement du droit de la force.

Depuis deux ans que les différentes populations de l’Ita-