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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/39

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comme la manifestation d’un acte de notre vie interne ; par conséquent, d’en demander les formes et les lois, non plus seulement à l’expérience du dehors, aux récits de l’historien, aux descriptions enthousiastes des poètes, aux factums du plénipotentiaire, aux combinaisons du stratége ; mais aussi, mais surtout, aux révélations de la conscience, à l’observation psychologique.

Au premier abord, la guerre ne réveille que des idées de malheur et de sang. Que le lecteur veuille bien, pour quelques instants, écarter de son esprit ces images lugubres : il ne sera pas peu surpris tout à l’heure de voir que nous ne faisons ni ne pensons rien qui ne la suppose, et que notre entendement ne forme pas de plus vaste, de plus indispensable catégorie. La guerre, comme le temps et l’espace, comme le beau, le juste et l’utile, est une forme de notre raison, une loi de notre âme, une condition de notre existence. C’est ce caractère universel, spéculatif, esthétique et pratique de la guerre que nous avons à mettre en lumière, avant d’en rechercher plus à fond la nature, la cause et les lois.