Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/90

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de Juillet ; la guerre d’Espagne, la guerre de Grèce, l’insurrection de la Pologne, la séparation de la Belgique, l’occupation d’Ancône, l’ébranlement de 1840 à l’occasion des affaires d’Orient, le Sunderbund, les massacres de Gallicie, la révolution de 1848, le mouvement unitaire, en Autriche et en Allemagne, contrarié par l’insurrection hongroise et la résistance du Danemark, la guerre de Novare, l’expédition de Rome, les deux campagnes de Crimée et de Lombardie, l’échec à la papauté, l’unité de l’Italie, l’émancipation des paysans en Russie, sans compter les petites guerres d’Algérie, de Kabylie, du Maroc, du Caucase, de la Chine et de l’Inde.

Toute l’Europe, depuis quatorze ans, se tient sous les armes : bien loin que la ferveur guerrière se refroidisse, la bravoure s’est accrue dans les armées ; l’enthousiasme des populations est au comble. Jamais, pourtant, il n’y eut plus de douceur dans les mœurs, plus de dédain de la gloire, moins de soif des conquêtes ; jamais les militaires ne se montrèrent plus humains, animés de sentiments plus chevaleresques. Par quelle inconcevable frénésie des nations qui s’estiment, qui s’honorent, sont-elles poussées à se battre ?

On dira peut-être que si les intérêts étaient consultés, les résolutions pacifiques l’emporteraient. L’expérience dément cette supposition. Les théoriciens du régime constitutionnel s’étaient flattés que le moyen d’écarter la guerre était de la soumettre aux délibérations des représentants. Eh bien, que voyons-nous, seulement depuis la révolution de février ? Tandis que la Bourse s’alarme, le Parlement, de plus en plus conservateur et pacifique, vote les subsides à l’unanimité, et toujours en faisant des vœux pour la paix. Une des causes qui ont perdu la dernière monarchie a été d’avoir trop résisté à l’instinct belliqueux du pays. On n’a pas encore pardonné à Louis-Philippe sa