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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/170

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démonien, met le siége devant Amphipolis, ville appartenant aux Athéniens.

Cela continue jusqu’à l’expédition de Sicile, conçue par le fameux Alcibiade dans le même esprit que l’avaient été les descentes dans le Péloponèse, et dont l’issue fut si malheureuse pour Athènes. Les armées ne semblent pas faites pour se battre ; elles ne cherchent pas à se joindre : c’est à qui enlèvera à l’ennemi la plus grosse proie. Entre-temps on tâche de se surprendre, on se dresse des embûches ; malheur, alors, à l’imprudent ! Les batailles des anciens ne sont pas des chocs, mais des tueries. C’est pendant cette période que toutes les villes alliées d’Athènes l’abandonnent. Les tributaires se soulèvent en masse : l’histoire recueille du moins cette consolation que, pendant que les tigres s’entre-déchirent, les moutons se mettent en sûreté. Après des succès mêlés de revers, l’armée athénienne est massacrée à Ægos-Potamos, au moment où elle était dispersée pour le pillage. Le cas est fréquent dans ces vieilles guerres. Athènes enfin est prise par Lysandre ; de ce moment date la décadence de la liberté grecque. Non moins pillards que les Grecs, les Carthaginois profitent du moment pour fondre sur la Sicile et se rendre tributaires Sélinonte, Himéra, Agrigente, Géla, Camarina. La tyrannie s’établit à Syracuse. C’est par de tels exploits que se signale le plus beau siècle de la Grèce, le siècle de Périclès. Rien qu’à la manière dont ils font la guerre, on voit que les Grecs ne sont pas nés pour donner des lois au monde ; cet honneur appartient à de plus braves qu’eux, aux Romains. « Nous sommes les enfants des héros, » disaient-ils cependant, pleins d’Homère. En effet, ce dont il est le plus parlé dans l’Iliade et l’Odyssée, c’est de butin.

La suprématie de la Grèce appartient donc à Lacédémone ; le vieux principe dorien triomphe pour la seconde