Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/26

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puis mettre sur la même ligne la vigilance de l’homme qui combat, avec la félonie du lâche qui trompe. C’est une honte pour l’humanité qu’un général honnête homme, servant son pays dans une guerre régulière, ait à s’occuper de pareils risques. Est-ce que la police de la guerre ne devrait pas l’en affranchir ?

Sur tout cela Vattel et les autres pensent absolument comme Grotius. Vattel établit fort bien que les conventions entre ennemis doivent être observées : mais s’agit-il des faits de guerre, il trouve parfait que la ruse et la tromperie, falsiloquium, se joignent à la force ; il va même jusqu’à voir dans cet usage un progrès de la civilisation sur la barbarie.


« Comme l’humanité nous oblige à préférer les moyens les plus doux dans la poursuite de nos droits, si, par une ruse de guerre, une feinte exempte de perfidie, on peut s’emparer d’une place forte, surprendre l’ennemi et le réduire, il vaut mieux, il est réellement plus louable de réussir de cette manière que par un siége meurtrier ou par une bataille sanglante. »


Et il ajoute en note :


« Il fut un temps où l’on condamnait au supplice ceux qui étaient saisis en voulant surprendre une place. En 1597, le prince Maurice voulut surprendre Vanloo. L’entreprise manqua, et quelques-uns de ses gens ayant été pris, ils furent condamnés à la mort, le consentement des parties ayant introduit ce nouvel usage des droits, pour obvier à ces sortes de dangers. »


Cet usage-là était dans la bonne voie. « Mais, » dit