Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/113

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refait la carte de l'épiscopat. Une partie du bas clergé, qui se croit revenu aux temps de l’Eglise primitive, et quelques prélats, adhèrent à cette réforme, imposée au sacerdoce par des mains philosophiques. Les beaux esprits du temps, les chrétiens à la Jean-Jacques, s’imaginent que le prêtre, ainsi dégagé d'intérêts mondains, soustrait aux tentations du luxe et de l’avarice, va se mettre à l’unisson du siècle, et marcher avec lui. On pourra être religieux à la fois et sceptique, dîner avec son curé et se moquer de la communion ! Quel moment pour une restauration, n’est-il pas vrai ? Et comme la foi, d’accord avec la raison, va refleurir sous le soleil de la liberté !... Comme si ce n’était pas le comble de l’impiété de restaurer l’œuvre de Dieu ! comme si le prêtre pouvait plier son caractère à ces accommodements ! Non, l’Eglise, en tant qu’Eglise, ne pouvait consentir à sa dépossession, pas plus que Boniface VIII ne pouvait obtempérer aux sommations de Philippe le Bel ; et si plus tard, dans le concordat de 1801, Pie VII reconnut la conquête de la Révolution, il faut voir dans cet acte forcé une élongation nouvelle du christianisme. Pleurons sur le schisme, qui de 89 à 1801 désola l’Eglise gallicane : ce schisme était inévitable. La révolution ne pouvait s’abstenir, sans aucun doute ; mais l’Eglise non plus ne pouvait pas céder : il fallait, pour le maintien du droit canonique, que les prêtres assermentés fussent excommuniés par leurs collègues réfractaires. De ce moment la discorde, par nous allumée, court les villes et les campagnes, sépare l’époux de l’épouse ; la conscience du peuple se trouble, parta-