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gée entre l’hérésie et la contre-révolution. Le dilemme est posé à la liberté par le prêtre : Ou le respect delà propriété ecclésiastique, ou l’athéisme. Et la liberté jette la mort au prêtre, et se fait athée. Que dites-vous de ce premier essai de restauration religieuse ?...

Enfin la révolution est consommée. Triomphante par la politique et par les armes, elle s’impose à l’Eglise comme pis-aller. Le fait accompli couvre le testament de Dieu. La nation et le sacerdoce oublient leurs mutuelles injures : le prêtre est homme aussi ! et la paix, comme la misère, réconcilie tout. Alors, après les fêtes de la Raison, après le culte de l’Être suprême et les agapes des théophilanthropes, la religiosité mal antidotée des masses se retourne vers l’ancien culte. Le christianisme apparaît dans la pénombre plus grandiose ; on se passionne pour ses reliques ; on jurerait une apparition de la vieille foi. Telle est l’attraction de l’âme vers les choses divines ; et puis,

Un seul jour ne fait pas d’un mortel catholique
Un implacable athée, un brûlot anarchique.

Le premier Consul satisfit à ce retour de jeunesse, en signant le concordat. C’était, dans l’opinion générale, un service signalé rendu à la cause sainte, et d’une portée tout autre, vu la circonstance, que la réinstallation de sainte Geneviève au Panthéon. Mais est-ce que Dieu accepte les services des hommes ? est-ce qu’il se soucie de leur politique et de leurs apologies ? Mon nom est sur leurs lèvres ; mais leur cœur est loin de moi ! Ni le concordat, ni les publications de MM. de Chateaubriand, de Bonald, de