Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/144

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la rendre de plus en plus complice du gouvernement, de l’engager, d’abord par ses vanités, ses préjugés, ses terreurs, puis par l’autorité de ses premières démarches, dans les nouvelles réformes.

La politique qu’on adopta fut celle de Louis XIV et de Mazarin. On voulait bien refouler la nouvelle féodalité, mais sans la détruire, et en tant seulement qu’elle pouvait contrarier le pouvoir : servir le peuple, mais sans l’élever au-dessus de sa condition... C’est du moins ce qui résulte, pour moi, des actes du 2 décembre.

Comme le besoin de popularité se faisait sentir, d’autant plus vivement que la bourgeoisie apportait plus de zèle à la réaction, on manqua de mesure, et le congé fut signifié à celle-ci outrageusement. En lui rappelant le service rendu par le coup d’état, on lui reprochait presque de l’avoir rendu nécessaire par son incapacité gouvernementale, et son esprit révolutionnaire. L’Univers, la Patrie, le Constitutionnel, marchant à la queue de la Gazette, le lui déclarèrent durement. La bourgeoisie, suivant ces feuilles, c’était l’anarchie. C’est la bourgeoisie, disaient-elles, qui a fait périr Louis XVI, qui a sacrifié les Girondins, Danton, Robespierre ; qui a conspiré contre le Directoire. C’est elle qui, après les désastres de Moscou et Leipzig, a osé demander à l’Empereur des comptes, et deux fois l’a plongé dans l’abîme. C’est elle qui a détrôné Charles X, abandonné Louis-Philippe, compromis le général Cavaignac, pour son concurrent que demain elle trahira. La bourgeoisie ! C'est Voltaire et Rousseau, Lafayette et Mirabeau ! c'est le