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emporte le fonds, et quand la maison brûle, ce n’est pas le cas de chercher si l’on est mal ou bien avec le portier. Pendant trois ans une réaction imbécile a prêché la restauration de l’autorité, l’absorption des libertés individuelles dans l’état. Louis-Napoléon n’est que le premier terme de cette enfilade contre-révolutionnaire, j’allais dire sa première dupe. D’autres feront le procès à l’auteur du coup d’état, raconteront les Mystères du 2 Décembre, diront les ordres impitoyables, la multitude des suspects, les noms des victimes. Pour moi à qui l’exil, et j’en remercie la prison qui m’a protégé de ses murailles, n’accorde pas de telles franchises, j’obéis à d’autres devoirs. Je ne laisserai point, sans exprimer auparavant mes réserves, s’ouvrir le testament mystique et olographe du 2 décembre, se préparer à l’étranger une restauration subreptice, ou bien encore s’organiser dans l’ombre un second essai de corruption constitutionnelle. Solidaire, bon gré mal gré, comme citoyen, comme écrivain, comme travailleur et chef de famille, des actes d’un pouvoir que je n’ai pas voulu ; convaincu, du reste, que dans l’événement du 2 décembre il y a autre chose encore qu’un complot ; n’ayant aucune garantie, tant s’en faut, ni que la démocratie, une vraie démocratie, revienne à temps aux affaires, ni qu’une autre révolution de palais nous fasse jouir d’un régime plus complet de liberté ; ne me fiant à aucune notabilité, ni princière, ni populaire, du soin des intérêts généraux et des libertés publiques : je reprends le cours de mes publications. J’use, en me conformant aux lois, de ce qui me reste d’initiative ; j’adresse à mes concitoyens, et par