Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/270

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l’éliminer. Il s’agit en effet de savoir si la France sera a la révolution ou à la contre-révolution. Qu’est-ce que M. Bonaparte, pour qu’il vienne dire : Ni l’un ni l’autre ; c’est à moi que sera la France ?...

Cependant, à la vue de ce champ clos où vont se jouer ses destinées, que pense le pays ? Le pays répugne à rétrograder, mais il redoute les révolutionnaires. Ce n’est plus seulement le socialisme qui lui fait peur : c’est une réaction montagnarde, ce sont les représailles de la démocratie !... Cette disposition des esprits, qui repousse également, d’un côté le principe de la réaction, de l’autre les hommes de la révolution, fait la fortune de l’Elysée. La même raison qui pouvait le faire broyer entre les deux armées, lui vaut le triomphe sur toutes deux : il affirme la révolution, et il protège les conservateurs ! Solution bilatérale et contradictoire, mais logique pourtant, vu l’état de l’opinion, et que les circonstances rendaient presque inévitable.

La signification du 2 décembre, l’idée qu’il représente, est donc, bien authentiquement, révolution. Le reste est affaire de personnes, c’est-à-dire, intrigues de partis, transactions de coteries, vengeances privées, manifestations autocratiques, mesures de salut public et de raison d’état. C’est la marge laissée au bon plaisir gouvernemental par la loi des révolutions.

Mais cet ambigu ne peut durer : tout principe doit produire ses conséquences, tout pouvoir dérouler son idée. Nous en sommes là : que va faire Louis Napoléon ?

J’ai rapporté les actes principaux du 2 décembre ;