Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/286

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crois que tout gouvernement peut durer, s’il veut, en affirmant sa raison historique, et se plaçant dans la direction des intérêts qu’il est appelé à servir, mais je crois aussi que les hommes ne changent guère, et que si Louis XVI après avoir lancé la révolution a voulu la retirer, si l’Empereur, si Charles X et Louis-Philippe ont mieux aimé se perdre que d’y donner suite, il est peu probable que ceux qui leur succéderont s’en fassent de sitôt, et spontanément, les promoteurs.

C’est pour cela que je me tiens en dehors du gouvernement, plus disposé à le plaindre qu’à lui faire la guerre, dévoué seulement à la patrie, et que je me rallie corps et âme à cette élite de travailleurs, tête du prolétariat et de la classe moyenne, parti du travail et du progrès, de la liberté et de l’idée : qui, comprenant que l’autorité n’est de rien, la spontanéité populaire d’aucune ressource ; que la liberté qui n’agit point est perdue, et que les intérêts qui ont besoin pour se mettre en rapport d’un intermédiaire qui les représente, sont des intérêts sacrifiés, accepte pour but et pour devise, l’Éducation du peuple.

Ô patrie, patrie française, patrie des chantres de l’éternelle révolution ! patrie delà liberté, car malgré toutes tes servitudes, en aucun lieu de la terre, ni dans l’Europe, ni dans l’Amérique, l’esprit, qui est tout l’homme, n’est aussi libre que chez toi ! patrie que j’aime de cet amour accumulé que le fils grandissant porte a sa mère, que le père sent croître avec ses enfants ! Te verrai-je souffrir longtemps encore, souffrir non pour toi seule, mais pour le monde qui te paye de son envie et de ses