nement, elle n’a plus fait que changer de tyrannie. Désorganisée, désarmée, muselée, sans point de ralliement, sans cohésion d’intérêts, ailleurs que dans l’état ; ne reconnaissant d’autorité que celle du centre ; accoutumée à le suivre comme le soldat suit son chef de file, elle a perdu jusqu’à la notion de son indépendance et de ses droits. Depuis soixante ans elle assiste aux tragédies de son gouvernement, réduite, pour toute initiative, à poursuivre ses maîtres tour à tour de ses vœux et de ses malédictions. Toute action propre lui est ôtée ; toute tentative pour la ressaisir et que n’appuie pas l’un au moins des pouvoirs constitués, est réprimée à l’instant et impitoyablement.
C’est ce dont on peut juger d’après le tableau de nos révolutions, pendant les soixante-quatre dernières années.
1789. — 24 janvier-4 mai. — Convocation des États-généraux, rédaction des cahiers. La nation appelée à la vie politique, fait pour la première fois acte de volonté, exprime ses intentions, et nomme ses représentants.
20 juin. — Serment du Jeu de Paume : l’Assemblée des représentants se déclare souveraine, et supérieure à la prérogative royale.
14 juillet. — Le peuple appuie ses représentants ; la royauté est subalternisée ; les gardes nationales se fédéralisent.
1790. — 14 juillet. — Grande fédération ; le roi prête serment à la nation ; la nation jure par la Révolution.
1791. — 14 juillet. — Nouvelle fédération. La nation pardonne au roi : Elle commande, Il exécute.