minorité démocratique, les hommes du 15 mai ont justifié par avance l’expédition de Rome, entreprise par le gouvernement pour servir les intérêts de la majorité conservatrice.
Quant à la cause même que l’on prétendait servir, au 15 mai, par une guerre de propagande, la vérité est que cette cause eût été plus promptement, plus sûrement perdue par l’intervention que par la paix. Le gouvernement de juillet aurait pu, avec infiniment plus d’avantages que la République de février, porter secours à la Pologne ; ses armées n’eussent point traîné à leur suite cette formidable question sociale, dont le gouvernement républicain était si misérablement embarrassé. Un État n’a de puissance au dehors que celle qu’il tire du dedans : si la vie intérieure fait défaut, c’est en vain qu’il s’efforcera d’agir à l’extérieur ; son action tournera contre lui même. Après la révolution de février, la question intérieure était tout : le parti républicain ne l’a point assez compris, de même qu’il n’a pas compris non plus toute la gravité de sa position. Le gouvernement était sans argent, sans chevaux, sans soldats ; les discussions de la Constituante ont révélé que l’armée disponible après février n’était pas de 60,000 hommes. Le commerce criait merci, l’ouvrier était sans travail ; nous n’avions pas, comme nos pères de 89 et 93, 45 milliards de biens nationaux sous la main : et nous parlions de faire la guerre !
Admettons que, malgré toutes ces difficultés, la Commission exécutive et l’Assemblée nationale, obéissant aux inspirations propagandistes, eussent jeté une armée au delà des Alpes, une autre sur le Rhin, qu’elles eussent appuyé, provoqué l’insurrection de la Péninsule, entraîné la démocratie allemande, rallumé le flambeau de la nationalité polonaise. Du même coup la question sociale se trouvait posée en Italie et dans toute la Confédération germanique. Et comme cette question n’était comprise et résolue nulle part, la réaction conservatrice commençait aussitôt, et après un