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Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/139

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pourtant combattre le projet de rachat qui vous est présenté, et appuyer les conclusions de votre commission des finances. »

Et pourquoi ce jeune représentant, l’un des plus honnêtes et des plus modérés de tous les républicains du lendemain, vient-il abjurer son opinion avec tant d’éclat ?

Ah ! c’est que le Gouvernement avait fait entendre qu’il comptait sur l’adoption du projet de rachat des chemins de fer pour donner un travail utile aux ouvriers, et qu’en ôtant au Gouvernement cette ressource, on prenait entre deux feux la Révolution. Les ouvriers demandent du travail ! Non, point de travail, dit Jobez, dont la pensée répond à celle de Bineau.

« Depuis la réunion de l’Assemblée, continue-t-il, toutes les fois qu’on parle des ateliers nationaux, on vous répond par le rachat des chemins de fer. Et lorsqu’on dit : Mais sans ce rachat vous avez 311 millions de travaux à exécuter, portez-y tout ou partie des ateliers nationaux ; on répond : Donnez-nous la loi de rachat. Les arguments sont toujours les mêmes ; et, par une coïncidence singulière, il se trouve que ce recensement des ateliers nationaux demandé depuis la réunion de l’Assemblée n’est pas encore accompli, et que les travaux qui ont été choisis sont tous à la porte de Paris. »

Pure chicane. Il ne s’agissait pas des travaux que le Gouvernement avait à exécuter, il en a pour plusieurs milliards ; mais des sommes qu’il y pouvait mettre. Or, il croyait que la loi de rachat des chemins de fer devant lui procurer et plus d’argent et surtout plus de crédit, cette loi était éminemment favorable à l’occupation des ouvriers.

Le 17 mars, le peuple avait demandé au Gouvernement provisoire l’éloignement des troupes, et n’avait pu l’obtenir. Le 23 juin, la réaction impose à la Commission exécutive la dispersion des ateliers nationaux, c’est-à-dire l’éloignement