Aller au contenu

Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

signalé à la tribune comme prêchant la spoliation et la guerre civile.

Il ne m’était plus possible de garder le silence : d’une idée jetée dans un journal, je fis une proposition financière, qui fut renvoyée, urgence déclarée, — on voulait en finir ! — au Comité des finances.

Qu’est-ce que le Comité des finances ?

On y remarquait alors MM. Thiers, Berryer, Duvergier de Hauranne, Léon Faucher, Bastiat, Gouin, Goudchaux, Duclerc, Garnier-Pagès, Ferdinand de Lasteyrie, etc. Pierre Leroux, qui s’y fit inscrire en même temps que moi, y vint une fois, et ne reparut plus. — Ce sont des imbéciles ! me dit-il. — Cela n’était pas juste, quant aux personnes ; mais profondément vrai, quant au Comité.

Ce que je reproche au Comité des finances, c’est de n’avoir jamais su faire autre chose que de pointer les articles du budget ; c’est qu’avec toute leur érudition, les honorables représentants qui le composent en font moins pour l’aménagement de la fortune publique que les commis du ministère.

Le Comité des finances n’a jamais eu de théorie, ni de l’impôt, ni des salaires, ni de l’argent, ni du commerce extérieur, ni du crédit et de la circulation, ni de la valeur, ni de rien de ce qui doit faire la science d’un Comité des finances. Le Comité des finances n’a jamais pu venir à bout d’un projet pour la refonte des monnaies de billon. À en juger d’après les discussions du Comité sur cet objet, il faudrait croire que la création de cette espèce de monnaie a été un prodige de génie économique, lequel n’a pu s’accomplir sans une influence surnaturelle. Le Comité des finances conçoit très bien la possibilité d’augmenter ou diminuer les impôts, et, jusqu’à certain point, d’en varier les espèces : il ne se posera jamais la question de ramener les impôts, qui sont le revenu de l’État, à une forme unique. L’unité