roir, quelque chose de sa propre conscience. D’abord elle reculera d’épouvante, elle se reniera, se maudira : il faut s’y attendre. À chaque fois que l’humanité acquiert une plus haute révélation d’elle-même, elle se fait horreur. Bien entendu que cette horreur, ces malédictions de la société s’adressent, non pas à elle, mais aux révélateurs. Mais qu’importe ? Si nous étions de loisir, nous pourrions avoir recours aux précautions oratoires, tirer l’idée en longueur, solliciter pour elle les intelligences candides ; nous dissimulerions, nous déguiserions de notre mieux l’affreux paradoxe. Mais le temps presse : il faut en finir ! La vérité crue est ici la meilleure, la médication homœopathique la seule rationnelle. Le scandale et la haine produiront le même effet que l’adoration et l’amour : et qu’est-ce que la haine ? encore l’amour. Abstraction faite de la personne, que fait à la conscience, à l’entendement, que ces enfants prennent celui qui leur parle pour le monstre de la perdition ou pour l’ange du salut, si le résultat est identiquement le même ?
Mais que proposer ? l’occasion ne tarda pas à s’offrir.
Aussitôt après les journées de juin, le Représentant du Peuple s’était mis à déchirer le voile sanglant dans lequel cherchaient à s’envelopper les auteurs et provocateurs de la catastrophe : il avait pris fait et cause pour les victimes contre les meurtriers ; en même temps, il jetait çà et là des idées économiques. Dans un article sur le terme, daté du 13 juillet, article qui amena la suspension du journal, il osa dire que les événements accomplis depuis février constituaient pour l’immense majorité des locataires un cas de force majeure, dont ils pouvaient légitimement se prévaloir pour obtenir une réduction et un ajournement. La cause de force majeure, résultant du fait de l’État, n’était point une invention qui fût propre à l’écrivain : on la trouve dans tous les jurisconsultes. Mais le propos était d’un socialiste : les conservateurs y virent une attaque à la propriété, et je fus